Lorsqu’un technicien Enedis est venu remplacer mon compteur électronique non communicant de marque Itron par un Linky, je lui ai gentiment demandé si je pouvais le conserver, étant donné qu’il allait partir à la poubelle au recyclage. Un peu surpris par ma demande, il m’a toutefois répondu par l’affirmative. En effet, il est toujours utile d’avoir un compteur de consommation électrique comme appareil de mesure et j’imagine que celui-ci est d’assez bonne qualité. De plus, j’étais curieux de connaître sa conception interne.
Le voici donc une fois démonté de la platine EDF et les caches en plastique retirés. Il est scellé par des sortes de rivets en plastique, entourés en rouge, que j’ai dû percer :
Pour rappel, les 4 grosses bornes en haut à gauche sont les bornes d’entrées et de sortie du secteur monophasé. Compte tenu de la section des conducteurs pour lesquelles elles sont conçues, il faut une clé Allen pour manier les vis de serrage.
Les deux bornes en haut à droite, T1 et T2, sont utilisés pour le téléreport à l’extérieur du bâtiment. Une paire torsadée y était connectée. Comme les bornes du secteur, celles-ci sont rendues inaccessible par le cache en plastique plombé. C’est ce qui permet à un technicien de relever la totalité des compteurs d’un immeuble en une seule fois et sans entrer dans le bâtiment.
A leur gauche, le petit bouton « Prog », habituellement masqué par le capot supérieur plombé, permet de choisir, entre autre, le mode de sortie de la téléinfo client. Il est possible de choisir entre les modes désactivé, métrologie (une impulsion est émise à chaque wattheure consommé) ou téléinfo complète. Par défaut, elle est malheureusement désactivée.
En bas à gauche, C1 et C2 apportent le contact sec heure pleine/heure creuse pour ceux qui auraient souscrit l’abonnement idoine. Un fusible de 2A est monté en série pour protéger le relais.
Pour terminer, les deux bornes de droite I1 et I2 sont la sortie de téléinformation client, librement accessibles. C’est grâce à elles que je récupérais ma consommation électrique.
Une fois démonté entièrement, on obtient ceci :
Les bornes de raccordement ne sont pas rire ! C’est une vis de 8mm qui sert au serrage. La vis occupe la totalité de la cage et c’est un bon point : un fil de section inférieure ne risque pas de glisser par côté comme c’est parfois le cas avec les dominos traditionnels :
Voici le compteur avec le cache supérieur retiré :
Une fois le cache en plastique inférieur retiré, on obtient la carte électronique nue :
Il n’y a aucun composant au verso :
On peut d’ores et déjà identifier les principaux blocs fonctionnels :
Ce que j’ai appelé « contact piratage » est un contact fermé lorsque le cache supérieur est en place. Lors de son éventuel retrait, ce contact s’ouvre et cette information est probablement définitivement écrite dans la mémoire du compteur.
Détail de l’alimentation capacitive. La résistance de puissance à droite limite l’appel de courant à la mise sous tension lorsque le condensateur est déchargé. Avec une valeur de 0,82µF, le module de son impédance à 50Hz est de 4,7kOhms environ. Cela permet de récupérer une petite cinquantaine de milliampères. Entre les condensateurs chimiques de lissage (2 fois 2200*µF/16V) et le condensateur polypropylène de limitation de courant, on distingue les 4 diodes discrètes montées en pont redresseur :
Détail de la partie shunt et mesure du courant. Le shunt à proprement parler est la partie métallique grise (je ne connais pas le matériau utilisé) insérée au milieu du cuivre :
L’AOP utilisé est un MCP6002 de Microchip. C’est un amplificateur double, rail-to-rail en entrée et en sortie. Ses performances sont plutôt médiocres (par exemple, sa tension d’offset est de +/- 4,5mV). Je me demande comment avec un tel offset il est possible de mesurer de manière précise des courants faibles (à partir d’une centaine de milliampères) avec un shunt calibré pour un courant maximal de 90A.
Les sorties téléreport et téléinfo client sont semblables. L’isolation galvanique est obtenue grâce à un transformateur. Un condensateur en série permet de ne pas faire fumer son enroulement secondaire si le secteur est appliqué par erreur sur les bornes de connexion (c’est une exigence inscrite sur la page 9 des spécifications de cette fonction) : il est dimensionné pour qu’à 50Hz, le courant soit acceptable. Cela explique également pourquoi la sortie téléinfo client est une liaison série modulée par une sinusoïde à haute fréquence, en l’occurrence 50kHz. Je m’étais souvent demandé pourquoi avoir fait ce choix.
Une fois remonté et associé à des prises secteurs mâles et femelles, on obtient un compteur d’énergie à usage général :
Voilà un appareil de mesure supplémentaire dans mon outillage.