Retour d’expérience après 15 000 km en Speed Bike

En 2019, je commençais à regarder sérieusement les Speed Bikes homologués pour remplacer mon vélo électrique maison. En quelques années, j’ai beaucoup roulé avec (autour de 20 000 km) mais le risque qu’en cas d’accident corporel responsable, aucune assurance n’indemniserai le blessé m’a poussé à me mettre dans les clous de la législation.

J’avais toutefois beaucoup de questions sans réponses, d’autant plus que je n’étais jamais monté sur un VAE (même traditionnel) du commerce. En particulier :

  • Quel est le ressenti lors de la conduite ?
  • Quelles sont les performances de l’assistance ?
  • Cela vaut-il vraiment son prix ?

J’ai donc poussé la porte de quelques boutiques autour de chez moi dans l’espoir de pouvoir en essayer pour me faire une idée, mais on m’a à chaque fois répondu, sur un ton assez condescendant :

  • Que ces produits intéressaient peu de gens, qu’ils en vendaient peu et qu’ils n’en avaient pas en stock à me montrer.
  • Qu’à seulement 5000 ou 6000€ j’aurai du matériel bas de gamme tout juste bon pour aller occasionnellement chercher mon pain.
  • Et je me faisais engueuler d’avance car apparemment, beaucoup de propriétaires ne respectent pas la loi en ne les immatriculant pas en préfecture et en ne les assurant pas.

Bref, je repartais à chaque fois pas plus avancé et je me suis rendu compte que, comme souvent, je me débrouillerai bien mieux tout seul.

J’ai donc longuement cherché le modèle idéal… Et surtout pas trop cher, car selon moi ce genre de produit ne devrait pas valoir plus de 2000 ou 3000€, quand on voit ce qu’il y a réellement à l’intérieur.

Sur Internet, les prix sont plus abordables qu’en magasin mais il faut acheter sans l’essayer. Je jette mon dévolu au mois d’octobre 2019 sur un Peugeot eM02-S initialement à 3500€, ramené à 2700€ pour cause de fin de série.

J’avais regardé le marché de l’occasion, il y avait des modèles autour de 1500-2500€ mais j’ai préféré me tourner vers du neuf.

Au niveau administratif, la première immatriculation du vélo a été faite en usine, au nom du fabricant. Aux yeux de l’État, c’est donc une vente de véhicule d’occasion. C’est le vendeur qui s’est occupé, pour moi, de faire faire ensuite la carte grise à mon nom.

Mais au fait, qu’est-ce qu’un speed bike ?

En pratique, c’est juste un vélo électrique normal, mais qui a passé les homologations pour entrer dans la catégorie des cyclomoteurs (catégorie L1e pour être précis). Une fois dans cette catégorie, la puissance du moteur peut monter à 4 kW au lieu de 250 W mais surtout le bridage à 45 km/h au lieu de 25 km/h.

Remarque : la limite des VAE à 250 W exploite un gros flou juridique, car il s’agit d’une puissance nominale, qui peut donc, par définition, être dépassée temporairement. Mais il n’y pas de limite de durée précise (10s ? 30 minutes ?) ni de puissance maximale instantanée, à ma connaissance. En pratique, il me semble que beaucoup de VAE peuvent développer 500W sans trop de contrainte de temps.

Du coup, les contraintes spécifiques à ces deux-roues motorisés s’ajoutent à celles des vélos :

  • Immatriculation en préfecture
  • Souscription à une assurance + affichage de la vignette sur un endroit visible
  • Présence d’un rétroviseur à gauche, d’un feu stop et d’une plaque d’immatriculation
  • Port obligatoire d’un casque et de gants (même en été) homologués cyclomoteur
  • Interdiction de rouler sur les pistes cyclables, chemins forestiers et assimilés
  • Interdiction d’installer un siège bébé ou de tracter une remorque
  • Réparation avec uniquement des pièces homologuées par le constructeur

Pour ma part, j’ai décidé de ne pas monter la plaque d’immatriculation afin de ne pas attirer l’attention. Ainsi, mon speed bike ressemble à un VAE comme un autre. Le risque, c’est 135€ d’amende. Mais qui se douterait qu’il manque une plaque sur un vélo ?

Il reste toutefois immatriculé et assuré (une centaine d’euros par an pour une assurance au tiers à la Macif. Je ne sais pas combien cela coûterait pour l’assurer en tous risques).

Carte grise

Une carte grise pour un vélo, c’est rigolo. Du coup, je la met ici :

Mon retour d’expérience

C’est ce que j’aurais adoré lire avant d’acheter le mien…

J’ai donc un Peugeot eM02-S, le suffixe -S indiquant qu’il s’agit d’un eM02 en version « Speed bike ».

Le moteur est un Bosch Performance Line Speed, qui est à mon avis un simple Performance Line bridé à 45 km/h au lieu de 25. Je n’ai pas de moyen simple de mesurer sa puissance, mais elle ne me paraît pas significativement supérieure à celle des autres VAE (~500W). La carte grise indique 0,4 kW. Il ne faut donc pas espérer monter des côtes bien plus vite qu’avec un VAE standard !

Confort et ressenti

Le capteur de couple dans le pédalier permet d’obtenir une assistance proportionnelle à l’effort exercé sur les pédales. Le résultat est vraiment extra : en fait, on pourrait oublier le moteur. C’est juste « plus facile ». On peut sans problème rouler très lentement en forçant peu, et mettre subitement du couple avec un grand coup de pédale, quel que soit le niveau d’assistance. C’est indispensable en VTT, par exemple pour passer un obstacle. Les VAE qui ne possèdent pas de capteur de couple déclenchent le moteur dès que les pédales tournent, à une puissance et une vitesse max déterminés par le mode sélectionné. La vitesse à laquelle on roule est donc plus définie par le mode choisi que par l’effort (ce qui a aussi ses avantages – cf. plus bas).

Sur mon moteur, je crois que les assistances sont les suivantes :

  • Eco : 50%
  • Tour : 120%
  • Sport : 210%
  • Turbo : 300%

Ainsi, en mode Eco, il y a donc un demi-cycliste invisible qui t’aide à pédaler.
En mode Turbo, c’est trois personnes, en plus de toi, qui pédalent.

À noter que ces valeurs diffèrent suivant les sources. Même sur le site de Bosch on trouve des valeurs contradictoires, mais l’ordre de grandeur est là.

Vitesse

Au sujet de la vitesse, le bridage est en réalité un peu en-dessous de 45 km/h, plutôt autour de 42 km/h. Évidemment, changer le diamètre de la roue dans les paramètres du compteur change la vitesse affichée mais pas la vitesse à laquelle le vélo est réellement bridé. Ce serait trop facile de grappiller de cette manière quelques km/h.

Sur du plat et sans vent, on atteint sans problème la vitesse max. Néanmoins, cela demande quand même un certain effort pour la conserver sur une longue distance (5 ou 10 km). Toujours sur le plat mais avec un vent de face, il faut carrément forcer pour rester à cette vitesse, et cela devient une vitesse de pointe plus qu’une vitesse de croisière. En montée, la vitesse chute drastiquement et il n’est pas étonnant de plafonner à 25km/h voire bien moins dans les pentes raides.

C’est là ma première déception : avec mon vélo fait maison (sans capteur de couple), j’avais pris l’habitude de rouler à vitesse quasi constante presque sans pédaler. Le gros avantage, c’était de ne pas transpirer. L’hiver, il suffisait de s’habiller chaudement et j’étais bien tout le long du trajet. Avec ce vélo, je dois moins m’habiller pour ne pas dégouliner dans les côtes. Mais du coup, en sortant, j’ai froid… Mais au moins, je fais un peu d’efforts et c’est meilleur pour ma santé.

Ah oui : tout ceci avec évidemment l’assistance au maximum. Je n’utilise presque jamais les niveaux inférieurs, uniquement quand je roule avec quelqu’un qui a un vélo traditionnel ou que j’ai un problème d’autonomie.

En mode Eco, ma batterie de 500 Wh me permet de parcourir autour de 70 km et environ 35 en mode Turbo. En sortie VTT, j’ai été très agréablement surpris de l’autonomie : je pensais que les côtes raides allaient vite la vider. En fait, comme on les monte à vitesse réduite, les frottements de l’air sont faibles et cela consomme peu, et il n’y a pas besoin d’assistance dans les descentes. Bon, c’est surtout vrai quand je suis accompagné et que je me cale sur la vitesse de VTTistes traditionnels. Si je suis tout seul, que la voie est libre et que je bourrine, c’est autre chose…

Entretien

Je n’avais aucune idée de l’entretien nécessaire sur ce type de vélo. Voici donc, pour info, les changements de pièces que j’ai dû réaliser. A noter que j’effectue les réparations moi-même, essentiellement quand quelque chose commence à ne plus bien aller. Quand j’y pense (pas assez souvent…), je fais une révision globale plus ou moins approfondie.

Pour info, je continue de mettre à jour cette partie après la rédaction de cet article.

  • À 3800 km (9 mois d’utilisation environ) j’ai changé les plaquettes d’origine AV et AR par des Magura 7.C (2*15€). Je ne pensais pas avoir à le faire si vite…
  • À 7200 km, la chaîne bien usée a cassé. Je l’ai remplacée par une Décathlon pour vélo traditionnel (15€). Celles conçues pour VAE sont beaucoup plus chères (40-50€) et je n’étais pas sûr que le surcoût soit bien justifié.
  • À 7300 km, j’ai à nouveau changé les plaquettes AV. Cette fois, j’ai tenté des beaucoup moins chères (organiques Alligator à 4€) pour tester la différence.
  • À 8600 km, j’ai remplacé les plaquettes AR par un autre modèle d’entrée de gamme (Red Cycling à 4€).
    J’ai aussi remplacé la cassette car la différence d’usure entre la cassette d’origine et la chaîne neuve était trop prononcée et elle sautait. J’ai remis la même que celle d’origine (Shimano Deore CS-HG50 à 40€).
  • Juste après avoir passé les 10 000 km, casse subite du moteur ! Plus d’assistance, craquements affreux. L’intérieur a fini en soupe de pignons. C’est arrivé 15 jours avant la fin de la garantie de 2 ans. Bosch m’a changé gratuitement le moteur.
    Apparemment, ils ne sont pas trop casse-pieds et l’auraient pris en charge même si la garantie était dépassée de quelques mois. Néanmoins, une durée de vie si faible m’a un peu inquiété. Je pense que ce type de moteur à changer hors garantie est hors de prix. J’espère qu’une casse moteur à seulement 10 000 km est rarissime. En tout cas, je suis bien content de repartir avec un moteur à 0 km…
  • À 17500 km, je trouve que la transmission donne des signes de faiblesse depuis trop longtemps : déraillements à répétition (tous les 10-20 km), chaîne qui saute…
    J’ai laissé traîner car je pensais que c’était ma patte de dérailleur qui est tordue (et je dois acheter un outil pour la détordre…) mais en fait, c’est bien pire que ça :
    • la chaîne s’est tellement allongée (environ 5cm !) que le tendeur n’arrive pas à mettre de tension sur les 3 plus petits pignons,
    • et le maillon rapide est cassé à moitié !

Je ne sais pas depuis combien de temps je roule ainsi, certainement 200 ou 300 km ! Un demi-maillon, ça reste du costaud ! Je remplace cassette et chaîne par du Décathlon d’entrée de gamme (27€ la cassette, 15€ la chaîne, la même que la précédente)

  • Toujours à 17 500 km, j’ai dû changer la plaquette avant qui aura durée 2,5 fois plus que les Magura pour 4 fois moins cher !
  • À 19 900 km, changement de la roue avant qui avait ses rayons qui cassaient les uns après les autres.
  • À 21 000 km, re-casse du moteur, hors garantie. Je l’ai réparé moi-même et j’en parle dans un article dédié.
  • À 22 000 km, le moyeu arrière donne de sérieux signes de fatigues. Démontage complet, nettoyage et graissage du roulement.
  • À 23 850 km, changement des pneus avant et arrière bien usés. J’ai remis les mêmes dont je suis plutôt satisfait (Schwalbe Super Moto X, 30€ pièce).
    Changement également de la chaîne et de la cassette (toujours les Décathlon à 27€+15€) ainsi que les galets du dérailleur (quelques euros).

Le tableau ci-dessous résume la durée de vie de certaines pièces :

PièceDurées de vie
Plaquette avant Magura 7.C (15€)3800 km / 3500 km
Plaquette arrière Magura 7.C (15€)3800 km / 4800 km
Plaquette avant organiques Alligator10 200 km
Plaquette arrière Red Cyclingsà 9600 km, usées à moitié
Chaîne d’origine (50€)7200 km
Cassette Shimano Deore CS-HG50 (40€)8600 km / 8900 km
Cassette Décathlon 11-36 dents6300 km
Chaîne Décathlon non VAE (15€)10 300 km / 6300 km
Moteur10 000 km / 11 000 km
Pneus Schwalbe Super Moto X24 000 km
Roue avant19 990 km

En gros, le prix d’une chaîne ou d’une plaquette est inversement proportionnel à sa durée de vie ! C’est bon à savoir !

Équipement

D’origine, le vélo était un VTT. Comme je l’utilise 95% du temps sur route, 3% du temps sur des chemins et seulement 2% du temps en vraie sortie tout-terrain, je l’ai équipé :

  • De gardes-boue à l’avant et arrière. Mine de rien, c’est hyper compliqué de trouver des modèles convenables. Il y a soit des merdouilles qui ne couvrent rien, soit des produits chers type vélo de ville.
    J’en ai trouvé en plastique qui couvrent à peu près comme il faut chez Décathlon pour 7€. Il était quand même un peu court à l’arrière, je l’ai donc rallongé en rivetant le morceau dans deuxième exemplaire dans son prolongement.
  • De pneus increvables (40-50€ pièce). Ces trucs sont merveilleux. C’est simple, depuis que j’en utilise (+30 000 km en comptant mon vélo précédent), je n’ai jamais crevé. Tous les 6 mois, je déloge au tournevis les morceaux de verre coincés dedans. Les miens sur des Schwalbe Super Moto-X.
    Tout le monde devrait vraiment avoir ça !
    J’ai pris un profil relativement lisse, adapté à la route. Lors de mes sorties VTT, je remets les pneus à crampons d’origine.
Rien d’inquiétant quand tu as des pneus increvables

En résumé

J’en suis très content !

Il faut simplement ne pas oublier que bien qu’il entre dans la catégorie légale des cyclomoteurs, il reste un vélo à ASSISTANCE électrique bridé à 45 42 km/h au lieu de 25.

C’est parti pour la Saintélyon !
Le VTT sur la neige, j’adore

Dans le prochain article, on va voir comment on peut bricoler un peu dessus, bien que la motorisation Bosch soit un système propriétaire fermé…

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